Astrophysique : instrumentation de pointe à la HEIG-VD
La compréhension de l’univers dépend de notre capacité à l’observer. En astrophysique, le grossissement ultime n’a pas été atteint : à chaque gain, de nouvelles structures sont découvertes. Le développement de nouveaux observatoires va donc continuer au cours de ce siècle.
En 2012, le Prof. Cahit Yesilyaprak et ses collègues de l’Université Atatürk (Turquie) ont convaincu leur gouvernement de financer la construction d’un nouvel observatoire. En cours d’installation au sommet du Karakaya Tepeleri (3180 m), ce télescope de 4 m de diamètre (DAG, figure 1) sera opérationnel fin 2022.
L’institut ATASAM, qui dirige le projet, a mandaté le laboratoire optique de la HEIG-VD pour le design de DAG et d’un système d’optique adaptative (OA) afin de corriger la turbulence optique atmosphérique. La complexité mécanique a été réduite afin d’éviter toute vibration des instruments scientifiques; un système de stabilisation du faisceau, conçu et construit par la HEIG-VD (figure 2), sera installé au sein du télescope et le système OA s’adaptera de manière autonome aux perturbations turbulentes par intelligence artificielle.
figure 1 : le télescope DAG, pour << Observatoire de l’Est Anatolien >> en turc. Usine de montage, 2019, Italie.
figure 2 : KORAY, le dérotateur optique de DAG.
Alors que le nouveau télescope spatial JWST entre en fonction, et que l’Europe construit le plus gros télescope optique jamais conçu (ELT de 40 m), à quoi servira DAG ?
Tout d’abord, il existe aujourd’hui beaucoup d’observations ne nécessitant pas les performances de JWST ou ELT : un programme n'ayant pas besoin de performances extrêmes peut être réalisé sur un télescope plus petit. Ensuite, certains astres évoluent rapidement et le suivi de cette évolution permet d’en apprendre beaucoup. Or, en raison de leur programme chargé, il n’est pas possible de pointer JWST ou ELT pendant des jours sur ces objets. En dernier lieu, tester des instruments nécessite des télescopes accessibles.
Finalement, avec l’OA, la résolution de DAG sera la même que s’il était dans l’espace. ATASAM nous a mandaté, ainsi que l’Université de Berne, pour réaliser un système de détection de planètes extrasolaires, à livrer fin 2022.
À la HEIG-VD, nous nous réjouissons d’avance, avec nos partenaires turcs et bernois, de voir le résultat de nos années d’efforts ! Rendez-vous en 2023 pour la découverte des premières planètes !
Contact :
Prof. Dr. Laurent Jolissaint, Optical Instrumentation
laurent.jolissaint@heig-vd.ch
