Création de l’Institut des énergies à la HEIG-VD: une fusion pour répondre aux défis du domaine de l’énergie
Entre les phénomènes climatiques inhabituels, les conflits géopolitiques, le développement des véhicules électriques et les échéances approchantes de neutralité carbone, les filières énergétiques suisses connaissent une pression de plus en plus importante. Ce contexte instable se traduit notamment par un besoin croissant d’ingénieur·es, qu’il est essentiel de pouvoir former. À la HEIG-VD, la fusion de l’Institut de génie thermique et de l’Institut d’énergie et systèmes électriques permet non seulement à la Haute École d’actualiser sa stratégie de recherche, mais aussi d’attirer l’intérêt du public et de futur·es étudiantes et étudiants.
Le nouvel Institut des énergies se constitue de trois groupes thématiques de compétences (GTHC), pour trois champs de recherche : en systèmes thermiques, en systèmes électriques et en intégration énergétique et durabilité. C’est à la tête de ce dernier que se trouve Massimiliano Capezzali. Pour lui, la réunion des approches du génie thermique et des procédés électriques est particulièrement pertinente dans une dynamique de transition énergétique. En effet, « la décarbonisation de secteurs comme la chaleur et la mobilité passe par l’implémentation de dispositifs électriques, » explique-t-il, « mais la réponse à la crise climatique nécessite une meilleure utilisation générale des ressources. Pour ces raisons, il y a une forte demande dans l’industrie pour des spécialistes tant en technologies thermiques qu’en électricité. » Un avis que partage Mauro Carpita, directeur du nouvel institut : « La Suisse, dont environ 15 pour cent de l’énergie proviennent du gaz naturel, a besoin d’une approche intégrée. »
Plus de visibilité contre la pénurie
Qui dit nouveaux défis, dit développement de nouvelles solutions. Des besoins en innovation qui nécessitent un nombre croissant d’ingénieur·es, tandis que les inscriptions dans les écoles d’ingénierie semblent montrer un apparent désintérêt des jeunes pour tout ce qui relève de l’énergie. Selon Massimiliano Capezzali, la Suisse manque ainsi de « milliers de professionnel·les ». Responsable de la filière d’enseignement Bachelor Énergie et techniques environnementales, Roger Röthlisberger précise que « c’est une vraie préoccupation qui ne se limite pas à la HEIG-VD ». Pour lui, l’explication se trouve dans une méconnaissance : « Le public ne comprend pas forcément ce que fait concrètement l’ingénieur·e et son travail est donc perçu comme ingrat par rapport à celui d’architecte, plus visible. Ce n’est pas un secteur qui fait rêver les jeunes, ce n’est pas fun en soi. »
La création de cet institut offre des réponses pragmatiques à des problèmes, en permettant de maintenir des compétences spécialisées et de pointe, tout en facilitant la synergie entre chercheuses et chercheurs. Mais elle signale également une valorisation des métiers de l’ingénierie auprès des professionnel·les, tout comme du grand public, en ouvrant une vitrine et un point d’entrée unique sur les problématiques de l’énergie. « Le nouvel institut a pour objectif de poursuivre et renforcer les collaborations avec les entreprises régionales, sous la forme de mandats et de projets de recherche, afin de développer des dispositifs performants et efficaces », précise Christophe Besson, responsable du GTHC en systèmes électriques, « Il propose aussi différentes formations continues et des symposiums, par exemple sur l’optimisation énergétique. »
Une vision moderne
La fusion marque également la détermination de la Haute École en faveur d’une vision moderne et transversale de la recherche. « Nous savons que le 100 % renouvelable n’est pas encore tout à fait à l’ordre du jour pour de nombreux acteurs industriels », explique Nicolas Weber, responsable du GTHC en systèmes thermiques, « En attendant, il est indispensable d’offrir des solutions transitoires fortes. »
Cet engagement est d’autant plus important qu’il résonne avec les préoccupations de la population suisse, qui a récemment plébiscité une loi sur la protection du climat à près de 60 %. « L’autonomie énergétique est une priorité pour la Suisse, avec un intérêt important pour la réduction de la consommation, la diminution des pertes et l’optimisation en général », précise Nicolas Weber. Un sentiment auquel Mauro Carpita fait écho : « Nous faisons en effet face à de grands défis, avec un contexte en rapide évolution », conclut-il, « mais je me réjouis des possibilités offertes par cette fusion pour les relever ».