Haute Ecole
d'Ingénierie et de Gestion
du Canton de Vaud

Retour sur Mental Work : interagir par la pensée

sept. 26, 2019, 16:27 by Nicolas Rubin
A l’occasion du Numerik Games Festival 2019, le Media Engineering Institute a présenté Mental Work, un ambitieux projet de recherche sur les interfaces neuronales directes.

Qui n’a pas imaginé avoir la capacité de déplacer des objets, d’activer un interrupteur ou d’ouvrir une porte par la pensée ? Un tel pouvoir sera-t-il un jour possible ? Au-delà de l’imaginaire fictionnel, ces interrogations trouvent leur écho dans le domaine des interfaces cerveau-machine ou interfaces neuronales directes. L’ambition est d’envoyer des commandes à des dispositifs techniques directement par la pensée. C’est ce qu’ont pu tester plus de quarante personnes durant les trois jours du festival, sur le stand du Media Engineering Institute. 

Équipés d’un casque EEG (électro-encéphalogramme) capable de récupérer les signaux électriques significatifs de notre activité mentale, les visiteurs ont d’abord été entraînés à l’imagerie motrice : il leur a été demandé d’imaginer de fermer leurs mains. Après avoir suivi cet entraînement pendant une quinzaine de minutes, l’algorithme appliqué au signal électrique peut repérer, avec une probabilité plus ou moins grande, des récurrences dans les zones du cerveau les plus actives. Il y a donc un double apprentissage, à la fois de la personne et de l’algorithme. Cette phase terminée, il s’agissait de passer dans la deuxième partie du stand, où, devant le public, le testeur devait tenter de répéter son entraînement pour lancer une commande à une machine. 

Avec un taux de réussite de plus de 85%, et malgré les conditions ambiantes difficiles et la pression du public, l’expérience a été un grand succès technique. 

Cependant, le projet Mental Work n’est pas qu’un démonstrateur technologique. Il cherche surtout à interroger les futurs possibles de ce type d’interface et de questionner le public sur l’émergence de technologies avant qu’elles ne soient complètement déployées sur le marché. Le grand intérêt suscité par cette expérience et les nombreuses questions de tous ordres – techniques, éthiques, conceptuelles, sociétales, etc. – témoignent de la validité d’un modèle de rencontre possible entre sciences appliquées et grand public, dans lequel celui-ci n’est pas simple spectateur mais partie prenante du développement. Sur ce plan-là aussi, l’expérience a été une réussite.

Mental Work est une exposition de l’EPFL créée en 2017 en association avec Jonathon Keats, Principal Artist, le Professeur José del R. Millán et le producteur Michael Mitchell. Il a été montré à l’Artlab de l’EPFL en 2017, puis au swissnex de San Francisco, cumulant ainsi presque 6 mois d'activité, ce qui a permis de récolter une des plus grands ensemble de données sur cette technologie.

Aujourd’hui, grâce au soutien de la fondation Hasler, Mental Work est en phase de devenir une plateforme de recherche sur les interfaces neuronales directes au sein du Media Engineering Institute. Pilotée par le professeur Laurent Bolli (directeur de production du projet et responsable de l’expérience utilisateur), la recherche se focalisera sur les modes de renforcement du sentiment d’incorporation et de contrôle sur la machine, les facteurs d’influence des types de représentation de l’activité neuronale, et plus généralement sur les modalités d’interaction.

La collaboration avec le Campus Biotech se poursuivra par ailleurs, notamment par le développement de nouveaux algorithmes de détection et de classification de l’activité neuronale permettant une plus grande automatisation du processus.

Tous les événements
Photo banner : A&F architectes (Aouabed&Figuccio)