Le projet smapshot traverse l’Atlantique
Smapshot[1] est une plateforme collaborative développée conjointement par les instituts Ingénierie du territoire (INSIT) et Ingénierie des médias (MEI) de la HEIG-VD.
170’000 images gélocalisées avec succès
Smapshot offre une nouvelle vie aux photographies historiques du paysage, grâce à la géolocalisation 3D. Une communauté de plusieurs centaines de volontaires participe à ce projet en positionnant les images et l’appareil qui les a prises dans un globe virtuel, directement depuis leur ordinateur. Grâce à l’expertise en géomatique d’INSIT et au développement d’interfaces intuitives du MEI, ce projet connait un grand succès en Suisse et plus de 160’000 photographies ont déjà été référencées.
Prochaine étape - Rio de Janeiro
La plateforme a été remarquée par l’Université de Rice aux Etats-Unis. Le Humanities Research Center a développé imagineRio[2], un atlas historique qui permet de naviguer spatialement et temporellement dans des cartes et des documents d’archives de la région de Rio de Janeiro, au Brésil.
L’équipe d’imagineRio a trouvé dans smapshot un outil pour compléter son projet. Smapshot leur fournit un moyen de géolocaliser précisément, en trois dimensions, les nombreuses images qui documentent l’évolution du territoire. Une caractéristique intéressante de la région de Rio est que non seulement la couverture du sol a évolué au fil du temps, mais également le relief. Par exemple, des collines entières ont été nivelées pour remblayer des zones maritimes. Ainsi, il a été nécessaire d’adapter smapshot pour afficher le relief des différentes époques.
Au croisement de la géomatique, du multimédia et des humanités digitales
Il est intéressant de noter que ces deux plateformes, relativement similaires dans leur but, ont été développées par des communautés différentes. Smapshot est un défi technologique, issu du secteur très spécialisé de la géoinformatique, alors qu’imagineRio relève d’un besoin culturel, pensé par la communauté des humanités digitales. L’échange de points de vue est riche pour l’équipe de smapshot et permet de mieux comprendre les besoins des gestionnaires de banques d’images. Par exemple, ce projet a donné une impulsion pour implémenter le support du format d’image IIIF qui est de plus en plus répandu chez les archivistes.
Grâce à ce partenariat, la communauté open source aura bientôt accès au cœur de smapshot. En effet, un développement sous licence de logiciel libre était la condition sine qua non pour intégrer imagineRio. Ce travail conséquent – nécessaire pour publier un code en open source (documentation, uniformisation, tests etc.) – est également supporté par un financement de l’Office fédéral de la topographie, dans le but d’étendre l’infrastructure nationale de données géographiques. Grâce à ces développements, non seulement le code source de smapshot, mais également son interface de programmation applicative, seront rendus accessibles au plus grand nombre.
Si le succès est au rendez-vous, notre passé pourrait alors être documenté par des millions de photographies « augmentées », à savoir horodatées et positionnées dans l’espace. Au-delà d’une réponse potentielle à la question « comment était-ce ici avant ? », et avec les progrès récents de l’analyse de données, cette rencontre entre technique et culture promet des débouchés inédits pour les humanités digitales.
