Haute Ecole
d'Ingénierie et de Gestion
du Canton de Vaud

Interview Alexandre Maeusli - AdhereUp

déc. 6, 2021, 14:39 by User Not Found

Alexandre Maeusli vient de déposer une demande de brevet et a obtenu le 16 novembre 2021 le premier round de financement Venture Kick, d’un montant de CHF 10'000.- Ce prix récompense sa persévérance dans le domaine très exigeant de la MedTech et devrait lui permettre de décrocher d’autres types de financements. Cette interview présente son parcours, son projet entrepreneurial et les défis qui l’attendent.

AlexandreMauesli

Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours jusqu’ici ?

Je suis ingénieur en micro-électronique, diplômé de la HEIG-VD, mais à la sortie des études j’ai plutôt travaillé dans le domaine informatique, comme développeur puis comme chef de projet et de produit. J’ai travaillé dix ans pour la même entreprise. Elle m’a proposé de passer à un poste de commercial et j’y suis resté deux ans de plus.

Après ce poste, j’ai été engagé comme commercial pour une entreprise suisse-allemande et en 2013 je suis devenu indépendant en ouvrant une société de solutions informatiques qui s’appelle Celag. Elle propose du consulting en informatique, des solutions mobiles et d’automatisation des processus.

J’ai lancé un second projet entrepreneurial en 2017, en proposant dans un premier temps des stages et des travaux de Bachelor à des étudiants de la HEIG-VD. Cette idée a ensuite pu évoluer et se concrétiser grâce à la collaboration avec l’institut Reconfigurable & Embedded Digital System (REDS), après avoir obtenu la bourse start-up de la HEIG-VD en 2019.

En quoi consiste votre projet entrepreneurial ?

Suite à une discussion avec un client, j’ai saisi l’opportunité de commercialiser des piluliers connectés, importés depuis la Suède. Ce produit med e-box n’a pas rencontré un grand succès, mais il m’a donné l’envie de développer un nouveau pilulier AdhereUp, plus futuriste et qui corresponde aux futurs standards de développement de la distribution des médicaments, sous forme de blisters. Au lieu d’avoir plusieurs boîtes de médicaments desquels le patient doit prendre lui-même la bonne dose, les blisters sont des sachets préparés à l’avance par la pharmacie et contenant la dose exacte et les médicaments que le patient doit prendre à chaque prise.

D’un « simple » pilulier, le projet a évolué en la commercialisation d’un service plus complet avec une plateforme permettant aux patients et aux entreprises pharmaceutiques de collecter et gérer des données avancées liées à leur traitement. Ceci est particulièrement important dans le cadre d’études cliniques qui se déroulent sur plusieurs mois ou années.

Comment vous est venue l’idée ?

L’idée m’est venue en discutant avec des clients dans le domaine de la santé : ils ne savaient pas comment les patients prennent réellement leurs médicaments. Une phrase que m’a dite un jour mon grand-père quand il était hospitalisé m’est restée : « Si je ne peux plus faire ce que j’aime, ça ne sert à rien que je reste ». Cela m’a donné envie d’améliorer la qualité de vie des personnes qui suivent un traitement.

A quel stade de développement êtes-vous actuellement ?

J’ai obtenu la bourse start-up de la HEIG-VD en 2019. Ces fonds m’ont permis de travailler avec un de mes anciens professeurs, Bertrand Hochet, responsable du groupe thématique de compétence Systèmes embarqués de l’institut REDS pour mettre au point le prototype de pilulier.

Dix de ces machines sont sorties de la production en septembre et seront testées en conditions réelles. Nous avons un projet Innosuisse en cours pour finaliser certains points du produit et une demande de brevet a été déposée fin novembre. Je vais ensuite faire une levée de fonds pour manufacturer les machines à plus grande échelle. Je vise une première mise sur le marché début 2022.

Quels sont les obstacles que vous avez dû surmonter ?

Le principal défi a été de développer le prototype du pilulier. 

Un autre obstacle a été de bien définir le business model. J’ai eu la chance de travailler avec Corinne Lebourgeois, experte de la Medtech et cheffe de projets Ra&D au sein de Institut Interdisciplinaire du Développement de l’Entreprise (IIDE) qui m’a aidée à bien orienter le service.

Quel est le succès dont vous êtes le plus fier jusqu’ici ?

Avoir réussi à développer le prototype dans le temps imparti par la bourse start-up. Je suis aussi content d’avoir pu définir un modèle d’affaires cohérent, avec lequel je peux faire la levée de fonds.

En quoi la HEIG-VD vous soutient-elle dans ce projet ?

La bourse start-up de CHF 120'000.- a été une clé pour développer le prototype, avoir un produit qui fonctionne d’un point de vue mécanique et électronique.

L’incubateur STarmac (renommé LA FABRiꓘ) m’a permis d’avoir accès au coaching de Corinne Lebourgeois, qui était important pour développer les aspects business. Même si j’ai déjà lancé une entreprise, je reste un ingénieur et il y a tout un côté business et marketing que je n’ai pas vu dans le courant de mes études.

Quelle est votre vision pour le développement d’Adhere up ? Où vous voyez-vous dans 2 ans ?

Je suis convaincu que c’est le bon moment pour lancer ce service. Si j’arrive à trouver le financement, la commercialisation pourra commencer rapidement. Dans deux ans, je pense qu’on aura quelques gros clients et qu’on commencera à être rentable.

Des conseils pour les étudiant·e·s qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat et le domaine de la Medtech ?

De façon générale, les étudiant·e·s devraient tenter leur chance à la sortie des études car c’est plus facile de se lancer à ce moment-là que plus tard, quand on a plus de frais et un certain confort de vie.

Il faut s’entourer des bonnes personnes, ne pas penser qu’on sait tout, mais ne pas trop écouter non plus ! L’écosystème de soutien à l’innovation suisse est prêt à investir de grosses sommes pour apporter des solutions aux problématiques actuelles, il faut aller chercher ces aides. Certain·e·s peuvent se demander s’ils/elles vont arriver à gagner assez pour vivre, mais petit à petit on arrive à se dégager un salaire pour faire ce qu’on aime. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est une grande chance.

Je ne conseillerai pas forcément aux étudiant·e·s d’aller directement dans la Medtech car la barrière à l’entrée est importante. Si c’est un domaine qui les intéresse, je leur conseillerais de valider d’abord une solution ayant peu de contraintes réglementaires.

Contact :

Noémie Délèze
Chargée de missions
noemie.deleze@heig-vd.ch

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